Petra Börner : J’ai grandi en Suède et j’ai lu et étudié ces ouvrages à l’école. Ils font partie de l’histoire et de l’héritage nord européen et j’ai gardé sous le coude mes anciennes éditions durant ce projet. Ils ont également été une source d’inspiration pour Tolkien lors de sa rédaction de « The Hobbit ». J’ai lu les œuvres de Tolkien quand j’étais plus jeune, mais je n’avais jamais fait le lien entre leurs univers et leurs ouvrages, c’est intéressant de les redécouvrir aujourd’hui.
Les récits sont très descriptifs et sont une grande source d’inspiration. Pour moi, le principal challenge était de capturer la grandeur, la sauvagerie et la férocité présents dans chacun des 5 livres, bien qu’il faille que je retranscrive tout ça dans mon propre style.
L’aspect magique des histoires (The Elder Edda) a été le point de départ naturel pour mon inspiration, bien le figuratif, comme la scène de bataille (The Wanderer) ait été un gros challenge. Je ne suis pas complètement sur d’où vient mon interprétation du récite, comme par exemple grendel (le monstre sur la couverture de Beowulf), mais j’ai voulu le rendre effrayant et bizarre, peut-être un peu extra-terrestre aussi.
Pour The Wanderer, l’inspiration vient d’un mélange de scène de batailles médiévales, d’équitation et de costumes. Donner un sens au chaos, avec deux côtés dans la bataille s’est avéré être un réel challenge et une bonne façon de structurer son travail sur une petite surface.
Booketing : Quel était le brief de Penguin ?
PB : À la base, on m’a demandé de concevoir la couverture de Beowulf, ouvrage issu d’une collection impliquant différents artistes pour les autres ouvrages. Mais le brief initial était d’essayer de capturer l’essence du travail de Tolkien (ce qui est franchement impossible), et en même temps de créer un nouvel langage visuel, ou alors quelque chose de plus contemporain.
Le monstre actuel devait être la part centrale de la couverture, plutôt que le héros. Heureusement pour moi, la façon dont le travail progressait et les retours positifs que j’ai eu ont convaincus Penguin Press de me confier la création des couvertures du reste de la collection.
J’ai travaillé de concert avec la directrice artistique Isabelle De Cat, et toutes les deux, nous avons fait tout notre possible pour créer un lien entre les cinq couvertures. Pour ça nous avons réduis les couleurs au minimum, créer une dominante de blanc (ce qui est plutôt inhabituel pour moi), utilisé le même niveau de complexité et garder les monstres, le magique ou le gore comme éléments centraux.
Booketing : D’après-vous, en quoi votre travail est-il pertinent avec le contenu des ouvrages ?
PB : Je ne sais pas s’il l’est.
J’ai travaillé dur pour créer un équilibre entre l’esprit des bouquins, synchronisé les visuels pour qu’on fasse le lien entre les 5 de la collection, pris en compte l’univers visuel de Tolkien, tout en créant des images qui me plaisent.
Ça été un très gros challenge pour moi et je pense que je l’ai relevé de façon sincère.
Enfin, chaque lecteur décidera si mon travail et les récits sont liés, mais j’espère surtout que les couvertures attireront de nouveaux lecteurs !
Booketing : Comment êtes-vous devenue book cover designer ?
PB : Penguin m’a contacté pour créer mes premières couvertures.
Il s’agissait d’une collection de poèmes sélectionnes, avec certains de mes auteurs favoris comme Michael Rosen, Sophie Hannah et Roger McGough. C’était un très beau projet pour un premier contact et cela m’a grandement donné envie de travail dans l’édition.
Depuis, j’ai travaillé avec beaucoup d’éditeurs dans le monde entier, et je suis ravi de travailler avec Penguin à nouveau !