Il y a quelques temps, j’étais contacté par Benjamin Reverdy du Collectif Carré Cousu Collé pour relayer une semaine d’événements autour du design éditorial et plus particulièrement le focus sur le travail de David Pearson au sein des éditions Zulma.
Tant mieux pour moi vous me direz. Le fait est que, faute de temps, je n’ai pas pu me pencher convenablement ni me déplacer à cet événement… Mais au détour d’une photo postée sur facebook, je découvre qu’une classe de Lisaa Nantes en a profité pour organiser un workshop sur le sujet. J’ai alors pris contact avec Caroline Lascaux, étudiante sur place, et j’ai donc pu découvrir le travail de cette classe.
Le brief était : créer une nouvelle collection pour les éditions Zulma, sans copier le travail de Pearson mais en gardant tout de même un lien avec ce qu’il a fait, pour ne pas perdre les lecteurs. Bon, il a bien fallut faire un choix, et voilà donc les quatre étudiants qui ont retenu mon attention.
« Zulma souhaite créer une nouvelle collection sur le thème de la philosophie. Nous devions en choisir les caractéristiques, créer son identité (Logo, nom de collection) puis les décliner en trois propositions. «La science de l’homme» est une collection regroupant des œuvres philosophiques telles que Kant, Pascal Garnier ou Martin Steffens. L’axe graphique choisi se porte sur la superposition du bleu et du rouge sur fond blanc en jouant sur l’opacité, créant ainsi une nouvelle couleur. Le but de la tram choisie est de créer un effet d’optique agréable a l’œil en se basant sur des formes simple. »
Nelly Courtois :
« La demande était de créer l’identité visuelle de la section policière des éditions Zulma, en restant dans l’esprit de leurs couvertures existantes. Il fallait en choisir les caractéristiques et les décliner en trois propositions.J’ai choisi de travailler sur la géométrisation et la multiplicité, qui rappellent la complexité d’une enquête policière. Le côté esthétique est induit par la croissante grandeur des formes dans un cas, ou encore par la concentration des formes vers un seul centre dans l’autre. Les couleurs restent en camaïeu, mais j’ai volontairement choisi de faire ressortir l’une des couleurs, pour donner un peu plus de dynamique, ou encore de confronter deux sortes de camaïeux ensemble. Le tout est structuré par un trait plus clair qui dénote de l’ensemble, gris ou beige, qui donne un côté précieux. C’est comme des constellations dans le ciel, qui donnent un côté mystérieux et énigmatique. Le rendu fait penser à un puzzle à renconstituer. La rondeur laissée pour le titre, la biographie ou l’intrigue, adoucissent l’ensemble. Pour ce qui est du logo, celui-ci joue sur la dualité du «Z» ornemental et du «N» épuré, qui sont disposés de telle sorte à voir leurs formes complémentaires. Le tout reste dans la notion de motif qui caractérise la collection Zulma. »
Lise Hay :
« Zulma ayant déjà une identité forte, facilement reconnaissable grâce aux motifs de David Pearson, un premier choix était nécessaire: celui de s’éloigner de cette identité pour en créer une nouvelle ou bien de garder l’idée et les éléments de la collection principale pour en modifier le sens, l’idée.Le choix s’est porté sur ce dernier. Il a fallu donc repérer ce qui faisait l’identité de chaque livre Zulma: les motifs, la forme géométrique au centre, encadrée, comprenant à l’intérieur le nom de l’auteur, le titre et le logo Zulma.Il semblait donc important de garder les motifs, mais comment montrer le changement de collection en gardant des motifs qui sont différents selon chacun des livres ? Marquer une différence commune pour chacun des livres qui sont très différents visuellement. Le choix s’est porté sur la technique utilisée pour réaliser les motifs. En effet, les motifs de la collection principale sont fait infographiquement, et sont colorés. Aprés plusieurs recherches, j’ai décidé d’utiliser la bichromie noir et blanc, avec la technique de linogravure. Cette technique apporte aux motifs un rythme aléatoire, vieux, mystérieux très intéressant pour le thème polar.J’ai réalisé les motifs en linogravure.Ensuite la forme géométrique triangulaire s’est transformée en rond, elle fait penser à différents élèments dans des polars : la loupe, l’indice, lampe, lumiére … l’encadrement à l’intérieur de cette forme est resté mais des tirets ont remplacé la ligne.Le logo Zulma à laissé sa place au logo de la collection, inspiré de la technique de linogravure.En rapport avec le titre «Collection Gravée» le logo représente la tecnique de linogravure faite pour les motifs. Ainsi le titre a un double sens, il illustre la technique mais fait aussi réfèrence aux secrets, aux indices laissés, et le mot «Grave» est caché a l’intérieur. «
Caroline Lascaux :
« Personnellement, j’ai choisi de travailler autour de l’aura noire du genre policier, et de la structure particulière du texte. En effet, dans la majorité des policiers, on part d’un fait accompli (le crime), et l’on remonte le fil de l’histoire afin de comprendre les motivations du criminel et son identité. L’idée était donc de travailler sur la révélation finale. Concernant le nom de la collection, je l’ai appelé de Z à A, appuyant ainsi le schéma narratif, et le logo part de celui existant de zulma, auquel s’ajoute un fût pour que le Z se transforme en A à la lecture. Pour la ligne graphique de la collection, je suis partie de deux postulats : l’identité de zulma est très forte, il faut conserver un lien avec l’existant; dans l’inconscient collectif, le policier est associé au noir. J’ai donc choisi de conserver le travail autour des motifs graphiques, mais en travaiillant sur du monochrome. Dans la réalisation actuelle, il s’agit de deux noirs différents, mais l’idée est de travailler avec un vernis sélectif, et je compte profiter de l’été pour imprimer les couvertures en sérigraphie. Il s’agit vraiment de proposer un livre noir, où la mise en lumière permet de réveler les informations, comme on peut le rencontrer dans le contenu de l’ouvrage. L’emplacement des informations sur la couverture (avec ses rabats) n’a pas changé de la ligne graphique actuelle, ni les typographies. La différence réside dans l’orientation du triangle contenant les informations, le sens de lecture fait qu’on part du haut de la pyramide pour découvrir au fur et à mesure l’ensemble de celle-ci. «
Merci à Caroline pour m’avoir transmis les notes d’intention de ses camarades de promo et bravo à toutes celles et ceux qui ont participé à ce projet !
Le nom du professeur : Nathalie Fonteneau, intervenantes à LISAA Nantes, graphiste/DA à l’agence MESH !
nice post.