Les livres de George Orwell viennent de bénéficier d’un jolie cadeau de noël. Chez Penguin, c’est le talentueux David Pearson qui s’est attaqué à la création de nouvelles couvertures pour cinq de ses ouvrages.
Je commence cette année, en vous souhaitant par ailleurs mes meilleurs voeux pour 2013, par une drôle de coïncidence. Après avoir ouvert La Ferme des animaux, je suis tombé sur cette information. Et je dois dire que je suis un peu jaloux des nouvelles couvertures !
La « nouvelle » collection, Great Orwell, accueille ainsi, La Ferme des animaux, Dans la dèche à Paris et à Londres, Hommage à la Catalogne, La Politique et la langue anglaise, et bien sur, 1984.
Pearson, adepte de la typo, s’illustre à nouveau sur ce projet. D’après le magazine Creative Review, la nouvelle version de 1984 serait l’une des couvertures les plus radicales de ces dernières années. Pourquoi ? Par ce que le titre et le nom de l’auteur sont obscurcis et finalement très peu visibles.
Il faut voir ici la référence au ministère de la vérité qui a censuré l’ouvrage. Il est vrai que pour un éditeur, publier un ouvrage sur lequel on ne distingue ni titre, ni auteur est plutôt surprenant. En ça, David Pearson remercie Jim Stoddart, directeur artistique chez Penguin, pour avoir soutenu son idée.
Il faut savoir par ailleurs qu’à la base, il avait proposé une version où l’espace imparti au titre et au nom sur la couverture étaient découpés. L’idée n’a évidemment pas été retenue… La version actuelle, utilisant l’embossage à chaud (si je ne me trompe pas) est tout aussi satisfaisante !
Pour les autres ouvrages de la collection, Pearson et ses collaborateurs ont exploré différentes polices et différents design. Pour La Ferme des animaux, le traitement typographique reflète un environnement de dessin animée et une ambiance inquiétante en même temps. Je trouve le rendu superbe et très accrocheur.
Pour la couverture du premier bouquin d’Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres, on a fait appel à Paul Catherall, pour créer une représentation « vorticiste » des deux villes dont l’auteur parle. Le résultat final intègre donc cette oeuvre dans une grille de couverture façon Germano Facetti.
Le style manifeste de l’essai d’Orwell, La Politique et la langue anglaise, a fourni à Pearson, occasion d’utiliser une fonte encore inédite, la Caslon Great Primer Rounded, produite en collaboration avec la St Bride Print Library. La typo est basée sur le travail de Caslon & Catherwood, créateurs de police ornementale italienne en 1821.
Enfin, puisqu’il est de coutume de garder le meilleur pour la fin, voici la couverture qui rend hommage à l’implication d’Orwell pendant la guerre d’Espagne. Ici, Pearson a utilisé le motif d’un soldat en marche, répété trois fois afin de créer un visuel menaçant, renforcé par une typo ombragée, rappelant les affiches de la période.
Même si chacune de ces couvertures mérite d’être saluées, la cohérence graphique entre ces cinq réalisations est loin d’être évidente… Les grilles sont aux antipodes et les influences d’époques diverses. Je ne sais pas si l’on peut parler de collection, je ne pense pas, mais quoi qu’il en soit, David Pearson reste vraiment un excellent graphiste et typographe !
One comment
Orwell et Penguin, je ne reconnais plus Pearson…
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